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Asie 2022 Voyage

Mardi 2 janvier 2024 Phôngsali Laos

Daniel KIRCHER

5h du matin...

Quelqu’un parle dehors..., et j’entends de la musique.

Cette fois c'est une femme, qui semble réciter quelque chose...

Ma première pensée est pour Allah..., comment a t-il pu faire pour me retrouver ici ???

Et puis je me dis qu’Allah est certes grand, mais comment est-il possible qu’il se soit connecter sur mon GPS...

Et puis je ne reconnais pas l’arabe, la musique n’a rien à voir d’oriental...

Quoique...

6h, 7h...

La musique (plutôt agréable) et les speechs sont toujours là...

Je me lève tranquillement, il fait un temps magnifique.

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Phôngsali, pour moi, est un endroit connu; je suis passé ici en 2010, et une autre année également, en 2015, ou 2016...

Il y a presque 10 années...

Si l’isolement de la ville est toujours le même, (c’est curieux comme on n’a pas envie que cela change), mon engouement et intéressement pour les ethnies (à un niveau très modeste), n’a jamais été aussi important que maintenant...

Peut être à cause de leur disparition programmée...

Je suis donc content d'être ici, et de voir que la route jusqu'ici, est toujours aussi infernale...

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À côté de l’hôtel, une grande tour avec des hauts parleurs.

C’est de là que vient la musique et les voix que j’entends depuis 5h ce matin.

Je pense, sans certitude, que la radio diffuse la météo, et quelques informations choisies de propagande communiste.

Pour moi cela me semble évident...

Il y a de toute façon plusieurs hauts parleurs dans la ville, diffusant tous, le même programme...

Sympa, mais orienté politiquement...

De suite, à droite de l’hôtel, une vieille ruelle descend dans le vieux quartier de Phôngsali...

Le vieux quartier, ne comprend que 5 ou 6 ruelles pavées...

À l’extérieur de ce quartier, les rues sont asphaltées, mais Phôngsali n’est tout de même qu'une petite ville....

Et c’est bien...

Sur quelques batiments administratifs, le Laos se souvient de l’occupation française...

Quand j’étais venu la dernière fois ici, j’avais été au marché de Phôngsali, et j’avais pu photographier quelques habits traditionnels portés par des femmes...

Je tente d’y aller de nouveau cette année...

Voici l’une des entrées du marché...

Tout en haut des marches, il y a comme un petit plateau, et le marché est installé là...

Pourtant, je ne reconnais pas l’endroit...

En 2009, il y avait au milieu du marché, comme une petite cour sans toit...

Elle a depuis été recouverte...

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Mon programme à Phôngsali est le suivant...

Je reste ici 3 nuits.

Aujourd'hui, promenade dans la ville, musée des ethnies, et renseignements auprès de l’office de tourisme sur la descente possible de la rivière Nam Ou..., et également recherche d’informations sur la location d’une petite moto pour demain...

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Je quitte le marché, passe devant l’hôtel chinois (un vrai blockhaus) où j’avais séjourné,.....

il y a plus de dix ans,....

et arrive à la vieille ville...

 

 

Au dessus de la porte, le petit gri gris, qui empêche les esprits maléfiques, de pénètrer dans la maison...

Le bouddhisme par ici, fait ses affaires avec l’animisme....

 

 

 

On est ici beaucoup plus près de la Chine, que de Luang Prabang...

Dans une petite impasse, je vois une vieille femme en habits traditionnels...

Et un peu plus loin, un sac traditionnel qui sèche. Pratiquement 10% de la population ici, y comprit les hommes, portent ce petit sac...

Impossible de savoir si ce sac concerne une ethnie particulière...

Le musée des ethnies n’est pas évident à trouver...

Juste en face du bureau de poste, m'a-t-on dit...

Je trouve le bureau de poste...., et en face, un petit bâtiment d'époque coloniale, avec trois portes...

Celle de gauche est ouverte...

Je pénètre à l’intérieur d’un genre de petit bureau...

L’ambiance est à l’austérité..., et aux souvenirs communistes.

Je trouve ce ”musée des ethnies” un peu étrange, car toutes les informations sont en Laotien...

Pas l’ombre d’un soupçon, d'écriture latine..., et mon traducteur DeepL, se refuse à comprendre cette langue...

Je prends quelques photos, mais c’est plutôt la frustration qui domine...

Je ressors du bâtiment...

Je vois alors ”musée des ethnies” sur une pancarte au dessus de la porte du milieu de la façade de l’édifice...

Elle est fermée...

Je repère dehors un Laotien, fasciné par son smartphone...

Je lui demande en anglais (et par gestes), à quelle heure ouvre le musée...

Il me montre 9 de ses doigts, et j’en conclu que la porte du milieu sera ouverte à 9h...

Je repars dans la petite ville, cette fois à la recherche d’une location de moto...

L’Israélien d’hier soir n’est pas resté avec nous, il a été se ”réfugier” à l’amazing guesthouse, un établissement hôtelier situé à un autre endroit de la ville.

Je pars donc à sa recherche, j’aimerais bien lui demander si ce n’est pas moi qui lui ai fait peur hier soir, en lui demandant s’il voulait échapper à la guerre en Israël.

À l’Amazing Guesthouse, je ne trouve pas mon Israélien, mais par contre une petite affiche retient mon attention....

Motorbyke to rent... 

Je demande à la femme à l’intérieur si je peux réserver une moto pour demain ???

Elle me répond que oui, et je lui dis que je reviendrai demain dès 8h...

Super....

Je suis fier de moi...

Le programme se met en place petit à petit...

Je retourne au musée, il est 10h..., et la porte du milieu de l’édifice, est toujours fermée...

Le gars à l’extérieur est toujours en train de consulter son smartphone...

Je lui montre la porte fermée, et, cette fois, je le vois bloquer son smartphone sous son aisselle gauche, et me montrer avec ses doigts, le nombre 14.

14h....

Je reviendrai à 14h... 

Pourvu que cela soit vrai...

Je retourne au petit restaurant d’hier soir..., et explique à la jeune femme que je ne peux pas manger trop épicé...

Elle me sert une soupe délicieuse, sans aucune épice...

À 14h, je retourne au musée...

La porte du milieu est enfin ouverte...et ce que je vois à l’intérieur est plutot prometteur...

De l’anglais, enfin...

Peu de touristes par semaine doivent franchir cette porte, malheureusement...

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Phôngsali est non seulement le nom d’une ville, mais également celui d’une province....la ville de Phôngsali est située dans la province de Phôngsali....

Voici la province de Phongsali.

Cette province, coincée entre la Chine, et le Viêtnam, est plutôt montagneuse, et pas très facile d’accès.

Trois villes sont cette année particulières sur mon périple.  

- La ville de Phôngsali, rond rouge en haut à gauche.

- Le minuscule village d’Hatsa, sur la rivière Nam Ou: rond rouge en haut à droite.

- Le gros village de Muang Khoua, rond rouge en bas.

J’ai pu, la dernière fois que je suis passé ici, prendre une petite embarcation à Hatsa, et descendre la rivière Nam Ou, jusqu'à Muang Khoua.

Une jolie distance, et une expérience inoubliable, avec de petits rapides, et plusieurs endroits où seul le bateau à vide pouvait s’aventurer. Il fallait pour cela que les passagers descendent du bateau sur quelques centaines de mètres, et assistent de loin au combat impétueux du bateau avec le courant et les rochers, pour remonter ensuite dans l’embarcation à un endroit un peu plus calme.

C’était un peu ce que je voulais refaire cette année...

Mais c’était sans compter avec la Chine qui a construit ces dernières années, plusieurs barrages sur la rivière Nam Ou, et la descente de rivière, telle que je voulais le faire, n’est plus possible à cet endroit.

Elle est uniquement possible de Muang Khoua, à Muang Ngoy, puis Nong Khiaw.

Et on arrive alors à 2h de route de Luang Prabang.

Je décide d’aller tout de même demain en scooter à Hatsa, question de voir ce qu’est devenu la Nam Ou à cet endroit, et je partirai après demain à Muang Khoua, malheureusement en bus.

Je n’ai pas le choix...

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Pour l’instant, je suis devant le musée, et la porte du milieu est ouverte...

Voici l’origine des populations ethniques de la province de Phôngsali, et rien que cette carte me fait penser que cet endroit, en tout cas pour moi, est particulièrement intéressant.

La province de Phôngsali semblent être un refuge pour de nombreuses ethnies chassées (???) de Chine.

Voici plusieurs photos intéressantes prises dans le musée, avec leurs traductions....

En espérant que cela ne vous sera pas trop rébarbatif..., il y a des informations que je trouve vraiment incroyables...

GÉOGRAPHIE 

"Le caractère général de la terre est celui de montagnes chaotiques qui sortent du sol, dont les sommets sont séparés par des ravins abrupts ou des vallées étroites et encaissées (...) des falaises, des faces de montagnes abruptes, des vallées confuses, un océan de sommets, de cônes, de monticules et de pyramides à perte de vue. Ils se heurtent les uns aux autres, s'étirent et se balancent les uns devant les autres..."

(E. Guillemet, qui a visité la province en 1917)

La province de Phongsaly est couverte de montagnes et de forêts. Autrefois difficile d'accès, elle est restée longtemps sous-peuplée. Seules quelques vallées se prêtent à la culture du riz humide. Les habitants pratiquent donc principalement l'agriculture itinérante.

Limitrophe de la province chinoise du Yunnan et de la province vietnamienne de Lai Chau, Phongsaly est la province la plus septentrionale du Laos. Son nom vient de celui de sa capitale. À 1 500 mètres d'altitude, c'est la capitale provinciale la plus élevée du Laos. C'est aussi la seule ville à avoir été fondée par des membres d'une minorité ethnique non Tai.

Les montagnes de la région sont les derniers contreforts de l'Himalaya. La couverture forestière est impressionnante aux frontières est et ouest, où l'on trouve encore des tigres et des éléphants sauvages, tandis que les montagnes centrales ont toujours été assez dépourvues de forêts. La riviere Nam Ou traverse Phongsaly et constitue une voie d'eau importante pour le transport des personnes et des marchandises.

90 % de la population de Phongsaly est rurale. La population locale vit dans 600 villages, dont beaucoup ne comptent pas plus de 50 ménages, répartis dans 7 districts.
Les habitants vivent de la production limitée de leurs fermes familiales, cultivant et vendant des produits tels que le riz, le maïs, la cardamome, le thé, la canne à sucre et l'hévéa. Les petites villes sont principalement habitées par des commerçants et des fonctionnaires.

HISTOIRE
"Nous sommes au milieu du vide. Nous distinguons à peine sur une colline, de l'autre côté de la vallée, un ancien champ brûlé, déjà envahi par la végétation. Ces régions ont certes vu naître et disparaître des villes au cours des siècles passés. Mais ici, les hommes
ne laissent aucune trace écrite de leur passage dans ce monde ; ils ne laissent ni pierres ni monuments. Ils sont comme une ombre sur un mur et même leurs anciens chemins à travers la forêt sont à peine visibles. "E. Guillemet
Province frontalière depuis toujours, Phongsaly est une région à la croisée des chemins. Elle est le témoin des frontières politiques des anciens royaumes et des influences culturelles du monde chinois et de l'Asie du Sud-Est. La province telle que nous la connaissons aujourd'hui n'a été formée qu'en 1916, lorsque les puissances coloniales françaises ont découpé plusieurs régions qui avaient jusqu'alors été soumises à des influences différentes.

- L’Antiquité 
Pendant des siècles, la région a été sous le contrôle de groupes Tai. L'actuelle province de Phongsaly a ensuite été découpée en trois zones différentes appartenant à deux royaumes différents.
Au nord, à partir du XIIe siècle, Gnot Ou faisait partie du royaume Sipsongpanna Tai Lue ("les 12 districts", actuel Yunnan du Sud).
Les provinces de Muang Houn, au centre, et de Muang Khoua, au sud, appartenaient toutes deux au royaume Lan Xang Lao, fondé au XIVe siècle et devenu plus tard le Laos.
A l'intérieur de chacune de ces zones, de petits centres politiques, les muang, contrôlaient les villages environnants. Certains d'entre eux sont même devenus des régions autonomes pendant un certain temps. Les habitants des zones reculées jouissaient d'une plus grande autonomie, les chefs de muang collectant les impôts et recrutant les travailleurs, mais chaque village gérait ses propres affaires sous l'autorité d'un conseil de village (composé de chefs religieux, de chefs de clans et d'anciens). C'est le cas des villages Akha, Khmu et Hmong. Dans les sociétés à hiérarchie plus stricte comme les Tai et les Phounoy, un chef régnait sur plusieurs conseils de village centraux.

- L'époque coloniale
La France a pris possession du Laos en 1893. La région de Gnot Ou, qui faisait partie du royaume de Sipsongpanna Lue, a été annexée au Laos par les Français en 1895. Le reste du royaume devient la préfecture de Xishuangbanna au Yunnan, en Chine. L'administration française conserva l'ancienne organisation politique, mais préleva l'argent des impôts et imposa la corvée à son profit.
En 1916, à la suite d'incidents provoqués par des bandes armées chinoises, l'administration coloniale a mis en place une zone militaire afin de maintenir le contrôle, ce qui a donné à la province ses frontières actuelles. La région est rebaptisée "5e zone militaire", les quatre autres étant situées le long de la frontière entre la Chine et le Viêt Nam. Elle est devenue officiellement la province de Phongsaly dans les années 1940.

- Aujourdhui
Après la libération de Phongsaly par les forces vietnamiennes en 1953, la province a été divisée en deux. D'un côté, les communistes du Pathet Lao, aidés par les Vietnamiens, de l'autre, les royalistes, puis les neutralistes soutenus par les Américains. Après plusieurs batailles, les neutralistes passèrent aux mains des Pathet Lao et la région fut unifiée en 1965.
Le nouveau régime du Pathet Lao a tracé les nouvelles frontières des districts et mis en place des organisations populaires communistes, telles que le Front Lao, l'Union des jeunes, l'Union des femmes, la police et l'armée. Ces organisations ont été créées dans chaque village et chaque district. Les chefs de village sont, jusqu'à ce jour, élus à partir d'une liste de candidats choisis par le Parti.

- Changement de cap et de district
Lorsque la 5e zone militaire a été établie, la capitale provinciale était Muang Khoua. En 1917, elle a été déplacée à Muang Houn et à Phongsaly en 1921. Entre 1979 et 1985, la capitale était à nouveau Muang Khoua. En 1985, Phongsaly est devenue la capitale provinciale. Un autre déménagement est prévu pour 2015, lorsque Boun Neua deviendra la capitale.
Dans les années 1960, le district de Muang Houn a été dissous, tandis que Muang Samphan et Muang Mai ont été créés. Phongsaly, Boun Neua et Boun Tay formaient un seul district, que Phongsaly a quitté en 1980 et Boun Tay en 1990.

DIVERSITES ETHNIQUES

Nous nous appelons les Souma, mais nous ne savons pas à quelle ethnie nous appartenons : les Phounoy ? les Akha ? L'État se penche aussi sur la question, mais il n'a pas encore trouvé la réponse. "Thao Siso, village de Namnyone
La province de Phongsaly présente une grande diversité de groupes ethniques et de langues. Selon les classifications officielles, il y a 15 groupes distincts, mais si nous devions les compter selon la façon dont les gens s'identifient eux-mêmes, il y en aurait plus de 40. Même si la plupart des gens partagent les mêmes moyens de subsistance, les différences sont visibles dans les traditions, les organisations sociales, l'habillement et l'architecture. Jusqu'à très récemment, deux groupes ethniques n'habitaient pas le même village.

- Classifications 

Les 15 groupes ethniques officiels de Phongsaly sont : Lao, Tai Lue, Tai, Tai Yang, Tai Neua, Khmu, Bit, Hmong, lu Mien, Akha, Phounoy, Sila, Hani, Lolo et Ho. Ces groupes ont été classés de différentes manières au fil des ans :
- sous la monarchie, ils étaient divisés en kha - peuples dominés et contraints au travail non rémunéré, et en tai - peuples libres
Dans les années 1960, ils étaient divisés en Lao Loum, peuple des plaines, Lao Theung, peuple des collines, et Lao Soung, peuple des sommets.
- Aujourd'hui, les différents groupes ethniques sont classés selon des critères linguistiques.
En tenant compte des similitudes culturelles et linguistiques, la population de la province peut être divisée en cinq catégories principales :
Les groupes Tai correspondant au Lao Loum et au groupe linguistique Tai-Kadai.
Khmu et Bit correspondant au groupe linguistique Lao Theung et Môn-Khmer.
Les groupes Pisou, Phounoy, Seng et autres, qui sont parfois classés comme Lao Theung et parfois comme Lao Soung et qui parlent des langues sino-tibétaines. Akha et groupes apparentés classés comme Lao Soung et parlant des langues sino-tibétaines.
D'autres groupes, dont les Ho, les Hmong, les Mun et les Alou, classés comme Lao Soung et parlant des langues sino-tibétaines et Hmong-Yao, partagent un lien culturel avec la sphère d'influence chinoise.

- Ethnicité

Ethnicité
Pour ces populations, l'ethnicité se définit surtout par le fait de "vivre ensemble". Ainsi, une ethnie est un ensemble de personnes qui se considèrent comme liées, qui parlent la même langue, obéissent aux mêmes lois et suivent les mêmes traditions. De ce fait, la plupart des mariages se font au sein d'une même ethnie.
Les adoptions existent cependant et des familles, voire des clans entiers, peuvent changer d'ethnie. D'ailleurs, les membres de différents groupes ethniques se rencontrent les jours de marché ou lors des fêtes. Deux amis qui s'apprécient peuvent devenir des frères de sang (sieo), créant ainsi des liens souvent indéfectibles entre leurs deux familles. Enfin, les guerres, les mouvements de population, les activités de l'État, l'éducation et les nouvelles routes ont engendré de nouveaux modes de vie qui dépassent les différences ethniques.

ÉTABLISSEMENT 
"Au début, nous vivions en Chine. Nos ancêtres sont venus au Laos pour fuir les guerres et les impôts. Le premier groupe est passé par la forêt, se frayant un chemin parmi les bananiers sauvages et mangeant des crabes bouillis. Un peu plus tard, le reste du groupe a suivi pour se joindre à eux.
Mais ils ont vu que les bananiers avaient repoussé et que les carapaces des crabes étaient rouges, comme si ils étaient restées trop longtemps au soleil. Ils ne savaient pas que les bananiers poussaient très vite et que les crabes devenaient rouges dans l'eau. Ils ont pensé que nous étions partis depuis trop longtemps et qu'ils ne nous rattraperaient jamais, alors ils ont fait demi-tour. Depuis, nous sommes divisés et nous ne savons même pas où se trouvent nos parents. (Akha etder)


Parmi les groupes ethniques qui vivent aujourd'hui à Phongsaly, nombreux sont ceux qui sont venus d'ailleurs, notamment de Chine. Avant de migrer, ils vivaient souvent dans des régions où ils constituaient le groupe de population majoritaire, menant une vie sédentaire dans les villages et pratiquant la riziculture humide. Migrées en raison de conflits ou à la recherche de nouvelles terres, elles se sont installées dans des zones montagneuses inhabitées et ont adopté un nouveau mode de vie basé sur la culture itinérante.

- L'Antiquité
On sait peu de choses sur le peuplement humain de la région. Les peuples de langue Môn-Khmer, notamment les ancêtres des Khmu et des Bit, sont arrivés il y a environ 4 000 ans. Ensuite, des peuples de langue tai, également originaires de Chine, sont arrivés par vagues entre le 7e et le 12e siècle. Enfin, des personnes parlant des langues sino-tibétaines sont venues du sud-ouest de la Chine. Contrairement aux autres groupes qui se sont installés dans toute l'Asie du Sud-Est, ce dernier groupe n'a pas voyagé plus au sud. On peut dire qu'il y a 200 ans, la province de Phongsaly était déjà peuplée de Lao, de Tai Lue, de Khmu et de Bit, ainsi que de certains groupes parlant le sino-tibétain, tels que les Seng et certains groupes Akha.

- 19ème siècle
Les guerres meurtrières et la famine provoquées par la rébellion en Chine au XIXe siècle ont été à l'origine de mouvements massifs de population vers le sud. C'est à cette époque que la plupart des Akha, Hmong, Mun, Ho et autres sont arrivés à Phongsaly. Cette période a également été difficile pour le Laos et de nombreuses guerres et révoltes ont entraîné d'autres migrations. Certaines de ces migrations ont eu lieu à l'intérieur de la province et d'autres ont quitté le Viêt Nam pour s'installer à Phongsaly. C'est le cas des Tai Yang, des Tai Dam, des Bit et de certains Khmu et Seng.

- 20e siècle
Les mouvements migratoires sont devenus plus complexes. Les gens se déplacent pour échapper aux impôts coloniaux, aux conflits locaux et aux guerres de libération. Ils sont également partis à la recherche de meilleures terres. Ces mouvements ont provoqué des migrations internes et des échanges de population avec la Chine, et se sont poursuivis bien après l'indépendance de 1975, avec une politique nationale de migration consistant à déplacer les populations de leurs villages de montagne vers les plaines et les vallées. Cette politique visait à faciliter leur administration, à améliorer leur accès aux services publics et à augmenter la production de riz humide et d'agriculture commerciale.

Traduction:

Le royaume antique de Muang Xleng Neua
Près de la frontière vietnamienne se trouve un village nommé Muang Sen Xieng Neua (ou Muang Houn Xieng Neua) qui a refusé de reconnaître l'autorité du roi de Luang Prabang au 19ème siècle et a fondé son propre royaume. Selon la légende, ce petit royaume aurait réussi à contrôler la partie orientale de la province de Phongsaly grâce à des pouvoirs magiques. Le roi de Luang Prabang envoya un espion qui sacrifia un chat...un animal très respecté,  à l'esprit qui donnait au royaume ses pouvoirs occultes. Grâce à cette ruse, les armées de Luang Prabang ont pu neutraliser ces pouvoirs et attaquer le royaume, forçant de nombreuses personnes à fuir. Certains Tai Yang, Seng, Bit, Ho et Akha seraient originaires de cette région.

 

FAMILLES ET VOISINAGE:

"Je suis du clan Ly. C'est une chose que l'on ne peut ni changer, ni oublier. Tous les Ly, quelles que soient les ethnies auxquelles ils appartiennent, sont mes parents. Je les appellerai frères. Un Ly ne peut pas épouser un Ly, mais entre Ly, on s'entraide. "Khamla, ethnie Sila
Les liens ethniques sont un élément important dans la vie des habitants de Phongsaly, mais ce n'est pas le seul. L'endroit où ils vivent (dans quelle maison/zone/village), ainsi que leurs relations familiales (ménage, clan lignager) sont tout aussi importants dans leur vie quotidienne puisqu'ils déterminent leurs réseaux sociaux.

- Maison, lignée et voisinage
Le ménage, composé d'un couple et de ses enfants, est le principal élément constitutif de la vie ainsi que le fondement économique et rituel de la société. Les ménages appartenant à une même lignée ont de nombreuses occasions de travailler ensemble.
Un lignage est défini comme les descendants masculins d'un ancêtre vivant commun et de leurs épouses. Chez les Khmu et les Aha, les ancêtres communs décédés sont souvent vénérés collectivement au domicile de l'aîné de la lignée. Chez les Hmong, on trouve encore des ménages composés d'une lignée entière, qui peut compter jusqu'à cent membres.
Les fils mariés ont tendance à s'installer près de leurs parents, de sorte que le voisinage est souvent une affaire de famille. Quoi qu'il en soit, les relations entre voisins sont importantes et les échanges entre voisins sont fréquents.

- Parents éloignés et fictifs
Les parents éloignés et ceux du côté de la femme font partie du deuxième cercle. Lorsqu'ils ne vivent pas dans la même région, c'est l'occasion de visiter d'autres villages.
Ce deuxième cercle peut également englober des parents fictifs : dans plusieurs groupes, le premier étranger à entrer dans un foyer après la naissance d'un enfant est considéré comme un deuxième père. Les amis peuvent être appelés frères ou sœurs de cœur, quelle que soit leur appartenance ethnique, et leurs enfants sont considérés comme des frères et sœurs.

- Les clans
Un clan est un groupe de personnes appartenant à plusieurs lignées qui ont toutes le même nom, un ancêtre commun et qui respectent souvent un même tabou. La solidarité entre les membres du clan est de mise.
Il fut un temps où tous les groupes de la province étaient organisés par clan, mais ce n'est plus le cas pour les Tai Lao, les Tai Lue et les Phounoy. L'appartenance à un clan est déterminée par le clan du père, sauf pour les Khmu. Il existe deux grands types de clans.
- Ceux dans lesquels il est interdit d'épouser une personne du même clan mais pour lesquels les tabous claniques ont peu d'importance ; il s'agit des populations influencées par le monde chinois (Hmong, Akha, etc.).
- Pour le deuxième type de clan, il est interdit de se marier en dehors du clan et le tabou clanique est pris au sérieux ; cela caractérise les populations Tai et Môn-Khmer (Khmu et Bit).

- Village & muang
Le village est le principal point de référence pour les habitants de Phongsaly. C'est une unité politique, avec son chef de village, ses organisations de groupements et sa police. C'est une unité religieuse avec ses nombreux rituels. C'est une unité territoriale avec ses frontières et l'utilisation de ses terres. C'est une unité familiale puisque de nombreux mariages ont lieu dans le village. C'est aussi un lieu où l'on peut trouver du soutien et un ensemble de règles strictes. À plus grande échelle, le muang, une ancienne unité politique un peu plus petite qu'un district, joue un rôle similaire, bien que moins important.

 

CLANS ET TABOUS

La plupart des groupes interdisent le mariage au sein du clan. Chez les Tai Yang, on disait que si deux personnes du même clan se mariaient, cela contrariait les esprits. La seule façon de réparer cette offense était que le couple malheureux mange à quatre pattes dans l'auge des porcs.
Il existe différents ensembles de tabous pour chaque clan ; par exemple, des aliments interdits qui ne peuvent être mangés ou même touchés si l'on ne veut pas que les dents tombent. Ces tabous peuvent concerner un animal, une plante ou un objet. Il n'y a pas de lien mystique entre un clan et l'objet interdit et l'origine du tabou est toujours expliquée par un événement aléatoire. Par exemple, les Laopan racontent qu'un des ancêtres du clan Langda voulait prendre les œufs du grand oiseau barbet qui nichait en haut d'un arbre. Pour ce faire, il a demandé au clan de former une pyramide humaine, mais l'homme du bas s'est effondré et la pyramide est tombée, tuant l'homme du haut. Depuis lors, il est interdit aux membres du clan Langda de manger cet oiseau.

LE COSTUME:
Les groupes qui ont émigré le plus récemment de Chine (comme les Akha, les Mun, les Ho, les Lolo et les Hmong) portent généralement leurs costumes tous les jours. Cette coutume est cependant en voie de disparition, car les femmes utilisent de plus en plus la jupe traditionnelle lao (sin) et ne portent leurs costumes ethniques que lors d'occasions festives ou de cérémonies. Parmi les groupes Tai, seules les femmes Tai Dam ont conservé l'usage de leurs costumes traditionnels. D'autres groupes, comme les Khmu et les Seng, n'ont jamais eu de tradition de tissage et ont toujours dû acheter leur tissu à d'autres groupes. C'est pourquoi ils n'ont jamais eu de costume spécifique.

LES AUTRES GROUPES 

Les Hmong, Mun, Alou, Ho... ont des langues et des traditions très différentes et sont arrivés récemment de Chine. Ils ont tous été fortement influencés par la civilisation chinoise et un grand nombre de leurs groupes sont restés en Chine.

QUI SONT ILS ?

Ces groupes comprennent les Ho, qui s'appellent eux-mêmes les Han et constituent la majorité ethnique en Chine, les Hmong, les Mun, généralement connus sous le nom de Yao Lanten, et les Alou, également appelés Lolo, qui sont les descendants des Yi en Chine. La grande majorité de ces groupes vit toujours en Chine et seul un petit nombre de leurs membres est venu au Laos, au Viêt Nam et en Thaïlande. Leurs langues sont très diverses. La langue lolo appartient à la famille tibéto-birmane, la langue ho à la famille sinisée, tandis que les Hmong et les Mun parlent des langues apparentées mais mutuellement incompréhensibles.

UN PEU D’HISTOIRE

Certains Alou/Lolo ont migré du Yunnan, où leurs ancêtres avaient fondé plusieurs royaumes, pour s'installer à Phongsaly et dans le nord du Viêt Nam. Les Mun sont venus de Chine peut-être au XVIIIe siècle, tandis que les Hmong sont passés par Lai Chau au Viêt Nam vers 1870. Les Hmong et les Mun ont une longue histoire de lutte contre le pouvoir impérial chinois. Cette lutte a eu un impact considérable sur leur culture, tant dans leur rejet de la Chine que dans la manière dont la civilisation chinoise les a influencés. Certains des premiers Ho, de la famille Fu, sont arrivés au début du 19e siècle sur ordre de l'empereur de Chine. Ils ont été suivis par des marchands et des agriculteurs du Yunnan. Cette migration s'est poursuivie jusque dans les années 1960.

Traduction

Les Hmong, les Mun et les Chinois
Les Mun, comme les autres Yao/Mien, racontent comment ils ont réussi à conquérir "la moitié de la Chine". Un empereur avait promis de donner la moitié de ses terres à l'homme qui délivrerait sa fille des mains d'un démon maléfique qui la retenait prisonnière. L'astucieux empereur garda les plaines pour lui, mais tint sa promesse en donnant à l'homme, un Yao, les terres montagneuses, tout en lui promettant par écrit qu'il ne serait pas taxé par le biais d'un travail non rémunéré. Plus tard, les Yao seront contraints de défendre ce droit sur le champ de bataille contre les gouvernements successifs qui réclamaient leur travail non rémunéré.
Les Hmong affirment qu'ils ont gouverné la Chine avec bienveillance pendant des siècles. Les Hmong et les Chinois Han sont entrés en guerre à la suite d'une dispute et d'un conflit entre eux. Ils ont été vaincus par les Chinois, plus nombreux. Les Hmong ont alors dû fuir vers l'Asie du Sud-Est, enterrant leurs morts à la manière chinoise pour que les Chinois ne détruisent pas les tombes.

FACON DE VIVRE

L'influence culturelle chinoise sur le mode de vie de ces peuples est perceptible à bien des égards. Par exemple, ils mangent du riz blanc et construisent leurs maisons directement sur le sol. Leur façon de s'habiller et leur utilisation du chinois parlé et parfois même écrit témoignent également de l'influence chinoise.
En Chine, ces groupes pratiquent la riziculture humide, alors qu'à Phongsaly, ils vivent essentiellement de la culture itinérante. Ils sont également d'habiles éleveurs de porcs et de bovins. Parmi les Ho, il y avait aussi des marchands, dont certains se déplaçaient en caravane. Jusqu'à récemment, les villages Hmong étaient très mobiles, de nouveaux clans et branches se séparant et cherchant de nouvelles terres.

TRADITIONS

Tous ces peuples vénèrent des esprits, mais une forme de taoïsme est pratiquée par les Ho et les Mun en particulier, qui utilisent des textes taoïstes en chinois. Hormis leur langue et l'utilisation d'un orgue à bouche, les Lolo/Alou sont très proches des Ho, avec lesquels ils cohabitent souvent. La vie religieuse des Hmong est principalement basée sur des rituels domestiques exécutés par un chaman.

QU’EST CE QU'UN NOM ?

-Les Hmong sont parfois connus localement sous leur nom chinois de Meo ou Mlao, mais ils considèrent ces termes comme péjoratifs. En Chine, la nationalité Miao comprend de nombreux groupes et langues différents, dont les Hmong ne sont qu'une partie. Les Hmong sont subdivisés en groupes en fonction de leur langue et de leur tenue vestimentaire. Au Laos, il existe des Hmong blancs, verts, rayés et noirs.
-Lolo est un terme générique utilisé pour désigner de nombreux groupes du Yunnan. En Chine, ils ne font pas partie de la nationalité Yi. Les Lolo de Phongsaly se nomment parfois A/ou.
-Le nom Ho, ou Haw, pourrait provenir du terme Hoa, l'ancien nom des Chinois, devenu plus tard Han. Le terme Haw est également utilisé au Myanmar et en Thaïlande, bien qu'ils soient appelés Hoa au Viêt Nam. Certains associent également ce nom à celui de Hui, utilisé pour identifier les musulmans chinois.
-Les Mun, connus localement sous le nom de Lanten ("indigo" en chinois) ou Lao Houay ("peuple de la rivière" en lao) sont un groupe appartenant à la famille ethnolinguistique lu Mien. Ils sont connus sous les termes chinois Yao ou Man Yao, qui désignent les barbares qui ne peuvent être contraints à un travail corvéable et non rémunéré.

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Et subitement, une question pourtant évidente, et à laquelle je n’avais curieusement jamais réfléchi:

De quoi peuvent bien vivre ces gens ???

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SUBSISTANCE ET COMMERCE:

Le travail dans le Phongsaly rural vise avant tout à répondre aux besoins de la famille et l'économie du village est encore caractérisée par une agriculture de subsistance. Le riz est la principale culture vivrière et s'accompagne d'autres produits cultivés ou trouvés dans la forêt. Cependant, le commerce et les échanges ont toujours existé et continuent de se développer avec l'extension du réseau routier et la culture de produits destinés au marché.

- SUBSISTANCE 

--- Légumes 

Les repas comprennent toujours du riz blanc ou gluant, accompagné de différents légumes, notamment des pousses d'amboine et des feuilles de moutarde, ainsi que de nombreux légumes verts (piments, courgettes, concombres, canne à sucre et manioc) ou ceux récoltés par les femmes sur les terres non cultivées ou sur les berges des rivières. Les fruits sont cueillis dans la forêt ou dans les vergers des villages.

--- Viandes

Parfois, un peu de gibier vient pimenter le repas quotidien. Presque tous les animaux peuvent être consommés. Jusqu'à récemment, les animaux domestiques n'étaient consommés que pendant les fêtes, pour honorer les invités ou vendus au marché pour gagner de l'argent. Aujourd'hui, les animaux domestiques font plus souvent partie du repas, car le gibier est devenu rare et les fusils de chasse interdits. Les insectes, notamment les coléoptères, les vers de bambou et les sauterelles, sont toujours consommés comme une friandise et les rivières produisent des escargots, des crabes, des grenouilles et des poissons.

--- Artisanat
La plupart des meubles, des ustensiles et des outils sont fabriqués par les villageois eux-mêmes qui utilisent principalement le bois et le bambou. Le rotin est utilisé pour la vannerie. Les textiles sont fabriqués à partir de coton et les matelas sont rembourrés avec du kapok. Les outils sont fabriqués en fer, qui n'est pas extrait mais forgé dans les villages, ce qui confère aux forgerons une position sociale et religieuse particulière.

- COMMERCE

--- Production
Le Phongsaly a toujours été plus ou moins intégré dans des réseaux commerciaux. Le commerce se fait entre les villages, avec l'échange ou la vente de pousses de bambou ou de champignons, d'alcool, d'objets tressés ou en rotin. Le bétail et le riz sont vendus sur le marché provincial. Pendant longtemps, le coton, l'opium et les produits forestiers tels que la cardamome et la cire ont constitué l'essentiel des produits destinés au commerce extérieur. Avec l'ouverture des marchés internationaux, des cultures commerciales telles que le thé, la canne à sucre et, plus récemment, le caoutchouc, le maïs et les légumes de saison sèche sont cultivées, principalement pour le marché chinois.

--- Échange
Pendant longtemps, le commerce a été contrôlé par les exploitants laotiens de bateaux fluviaux, qui organisaient de petits marchés sur les rives des fleuves, et par les Ho, qui se déplaçaient à cheval le long des crêtes montagneuses. Les uns et les autres faisaient du troc avec les villageois, échangeant des tissus, des outils, des ustensiles de cuisine et d'autres produits manufacturés contre de l'opium, du coton ou des produits forestiers. Les bateliers apportaient leurs marchandises de Luang Prabang tandis que les Ho importaient les leurs de Chine. Aujourd'hui, l'essentiel de l'activité commerciale se déroule dans les chefs-lieux de district, bien que de petits marchés pittoresques subsistent. Les caravanes chinoises ont fait place à des marchands ambulants qui vendent de tout, des médicaments à la photographie en passant par les cheveux.

--- Revenus

Les revenus servent principalement à l'achat de biens de première nécessité : éducation, vêtements, soins de santé, outils et paiement des impôts. Le revenu disponible est utilisé pour acheter un téléphone portable, une télévision ou un scooter. L'épargne est utilisée pour les événements importants tels que les mariages, les enterrements ou les factures d'hôpital. En cas de coup dur, il est possible d'emprunter de l'argent, et les prêts entre membres de la famille sont courants.

--- Tabac

Importé d'Amérique au XVIIe siècle, le tabac est très répandu dans la province. Que ce soit dans une pipe à eau collective, un bang, ou roulé dans des feuilles de maïs ou du papier, il est fumé partout, même par certaines femmes des groupes Khmu, Bit et Seng. Beaucoup fument leur propre tabac, d'autres l'achètent et, depuis 2010, il est cultivé à des fins commerciales.

--- Tea

Le thé est surtout consommé par les groupes d'influence chinoise. Bouilli dans une petite bouilloire, dense et fort, il est servi dans des tasses. Son usage est répandu dans d'autres groupes, mais il est bu après avoir été infusé dans un verre d'eau chaude. Il est offert à un invité ou utilisé pour animer les discussions nocturnes des hommes. Les théiers du village de Komaen, dont on dit qu'ils ont 400 ans, témoignent d'une ancienne tradition du thé dans la province ; de plus, Phongsaly est proche de la grande et ancienne plantation chinoise de thé Pu'er. La culture commerciale du thé ne date toutefois que du début du 21e siècle.

--- Opium

Depuis son importation de Chine dans la seconde moitié du XIXe siècle, la culture de l'opium est restée importante dans la région. Dans ces régions montagneuses et isolées, le prix élevé du kilo en faisait une culture de rente particulièrement adaptée. Le gouvernement colonial a tenté de créer un monopole, mais la contrebande s'est poursuivie sans relâche. Une partie de la récolte était vendue aux caravanes chinoises ou aux marchands laotiens, une autre était consommée, principalement par les personnes âgées, et une dernière était parfois utilisée en médecine. Depuis, la contrebande a été interdite. Cette situation, ainsi que le développement des routes au début du 21ème siècle permettant le transport des cultures commerciales, a conduit à sa disparition.

--- Alcool

La boisson alcoolisée la plus couramment consommée à Phongsaly est celle obtenue par la distillation locale du riz. Une autre boisson alcoolisée populaire est celle obtenue par un processus de fermentation dans des jarres en argile et bue à l'aide de pailles. Cette boisson n'est pas populaire auprès des groupes influencés par la Chine. La consommation de bière lao n'est pas encore très répandue, car elle est chère. Bien que l'alcool puisse être utilisé comme stimulant ou comme médicament (à base de plantes ou de produits animaux), il est surtout consommé lors de réunions amicales. Il est bu entre amis, offert aux invités, consommé lors de toutes les oCcasions festives et offert aux esprits en guise d'offrande. Pour les groupes d'influence chinoise, l'alcool et le riz ne doivent pas être mélangés : on boit avec les plats de viande et de légumes, mais on pose le verre pour manger le riz.

--- Le betel

Le bétel est un stimulant léger que les femmes mâchent pour remplacer le tabac, ce qui leur laisse des dents tachées de rouge. La feuille de bétel est mâchée avec une noix d'arec (parfois écrasée dans un petit mortier), de la chaux et parfois du tabac. Bien qu'elle soit moins utilisée aujourd'hui, cette pratique est ancienne et souvent associée aux cérémonies de mariage. Il est répandu dans tout le monde indien, en Asie du Sud-Est et en Chine méridionale, jusqu'à l'océan Pacifique.

DIVINATIONS ET GUERISSEURS
Face à la maladie, les remèdes sont nombreux : plantes médicinales, médecine moderne, divination, guérisseurs. En effet, une maladie peut être liée à un déséquilibre des principes corporels, à un esprit en colère ou à un problème biologique. L'origine du problème est donc inhérente à la méthode de guérison et est plus importante que l'appartenance ethnique, même si chaque groupe ethnique a ses propres interprétations et techniques de guérison. Enfin, un certain pragmatisme entre en jeu : tous les types de traitement sont valables, à condition qu'ils fonctionnent.

---Plantes et pharmacopée
La nature fournit un grand nombre de plantes médicinales, qui ont été pendant longtemps les seuls médicaments disponibles. Il existe des herboristes spécialisés qui ont appris avec un maître ou dans un livre à reconnaître un grand nombre de plantes, à les cueillir, à les préparer et à leur faire des charmes. Cependant, dans chaque famille, quelqu'un, généralement une femme âgée, connaît certaines de ces plantes.

---Divination et sacrifices spirituels
Si les plantes et les médicaments ne donnent aucun résultat, le patient peut demander à un guérisseur ou à un ancien de procéder à une cérémonie de divination afin d'identifier l'esprit responsable de sa souffrance et de déterminer le sacrifice que cet esprit exigerait pour le satisfaire. Le plus souvent, ces esprits vivent dans la nature et ont été accidentellement dérangés. L'esprit se venge alors en volant l'âme du coupable, qui doit ensuite être rachetée par un sacrifice de substitution, faute de quoi elle entrera dans le corps de l'infortuné. Il peut également s'agir de l'esprit errant et solitaire d'un défunt en quête de compagnie ou de celui d'un ancêtre affamé. La divination peut également être pratiquée comme médecine préventive en utilisant un calendrier divinatoire pour déterminer quels jours sont propices pour effectuer ou éviter certaines activités. Les moines peuvent alors effectuer des rituels de guérison dans le temple.

---Les chamans et les possédés
Certains guérisseurs entrent en contact direct avec les esprits afin d'identifier et de guérir la maladie. Leur pouvoir provient de leur relation avec un esprit tutélaire qui les a choisis en les rendant malades jusqu'à ce qu'ils acceptent de le vénérer. Ces guérisseurs peuvent être des hommes ou des femmes et exister dans toutes les ethnies, même s'ils ne sont pas nombreux. Il est possible de faire appel à un guérisseur d'une autre ethnie.
On peut distinguer les possédés, ceux dont le corps sert de support aux esprits qui parlent par leur bouche, expliquant la maladie (Tai, Lu, Khmu, Lao), et les chamanes qui entreprennent un voyage spirituel dans le monde des esprits à la recherche de l'âme du patient (Tai Dam, Tai Yang, Akha, Hmong).

 

Traduction

---Formes de divination
Il existe de nombreuses formes de divination. On peut consulter une table de divination (comme le kala du village d'Omphia, rare spécimen de tablette sculptée en os), analyser le contenu d'un œuf, examiner les griffes d'un poulet, ou regarder dans la direction du bras d'un homme assis sur une planche tournante. On peut également utiliser diverses techniques pour obtenir des réponses à une question spécifique : lancer du riz (les nombres obtenus sont-ils pairs ou impairs ?), lancer des cornes de vache coupées dans le sens de la longueur (les côtés orientés vers le haut sont-ils convexes ou concaves ?), mesurer une planche (a-t-elle grandi ou rétréci après que la question a été posée ?).

---Talismans

Les talismans sont utilisés pour protéger des lieux particuliers. Le plus courant d'entre eux est le taleo, ou "œil d'aigle", une sorte d'étoile de bambou. Plusieurs yeux veillent sur la zone et créent un enchevêtrement de chemins afin de désorienter les esprits malveillants. Le taleo peut également être remplacé par un autre objet représentant le même principe : une partie de ruche ou une résille. D'autres talismans sont plus directement évocateurs : balais, couteaux en bois, ou gardes découpés dans du papier. Le talisman peut aussi être enveloppé dans une feuille contenant un produit magique ou une formule bouddhiste et porté autour du cou, notamment des enfants.

La plupart des groupes installent des "portes" à l'entrée des villages. Il s'agit souvent de simples traverses de bois ornées d'un talisman, mais certains ont des ornements plus élaborés. Les portes sont souvent des arcs au-dessus ou à côté de la voie principale d'accès au village, la protégeant ainsi des mauvais esprits. Elles marquent les limites de la zone protégée et sont l'équivalent dans le village des portes des maisons, qui sont également protégées par des talismans. Leur réparation ou leur remplacement annuel lors de la fête des esprits du village s'accompagne d'un sacrifice.

Appel des âmes
Le baci ou su kwan est avant tout un "appel des âmes" (les "âmes" étant ici conçues comme une sorte de force vitale qui peut affaiblir les personnes si elle quitte le corps trop longtemps). En fait, cette cérémonie est pratiquée pour tout événement particulier, comme un mariage, l'accueil d'invités, une naissance ou une guérison. Elle se déroule sur une table avec des offrandes joliment disposées pour plaire aux âmes, souvent avec un poulet (la tête et les pattes seront utilisées pour la divination). Les gens s'assoient autour de la table et la touchent pendant que l'artiste chante des bénédictions pour rappeler les âmes. L'assemblée utilise ensuite un fil de coton et l'enroule autour du poignet de l'hôte pour fixer les âmes. Le tout est suivi d'un repas festif. Les fils de baci doivent être portés jusqu'à ce qu'ils tombent d'eux-mêmes. Tous les groupes ethniques pratiquent cette cérémonie, mais avec des variations mineures telles que la couleur du fil de coton.

Le Song kho, "l'éloignement de la malchance", désigne un rituel destiné à éloigner la malchance du corps d'une personne, d'une maison ou même d'un village. Un moine ora âgé construit un plateau à partir de 1, 9 ou 12 boîtes et y dépose de la nourriture pour "attirer" la malchance. Il prononce ensuite des formules magiques pour les enfermer avant de jeter le plateau à l'extérieur du village. Il peut également s'agir d'un radeau que l'on jette dans une rivière.

 

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Je me rends compte que cette page, cette journée plutôt, se remplit, et que l’espace qui m’est octroyée pour chaque journée, est bientôt au maximum...

Je continuerais donc demain, la visite du musée, avec les funérailles, les mariages, les divorces, les naissances....

Après être resté quelque temps dans le musée, je pars chez mon restaurant préféré, sans épices....

Remarquez la chambre à gauche, dans laquelle, il y a un enfant...

Que l’on ne voit pas....

À demain

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